Travail de nuit : Marionnaud relance la polémique sur les Champs-Elysées
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Après cinq mois et demi de travaux et plusieurs millions d'euros d'investissement, la « vitrine internationale » du distributeur, racheté en 2005 par le groupe chinois AS Watson, se veut « la quintessence de l'esprit de l'enseigne ». La co-directrice-générale de Marionnaud France, Eileen Yeo, annonce dans un communiqué que Marionnaud compte proposer à ses futurs clients, principalement des touristes de passage, « une expérience d'achat mémorable autour d'un parcours sensoriel inédit » et une « offre de service exceptionnelle ». Ce concept présenté comme innovant – ce sera l'un des plus gros magasins du groupe - devrait aussi relancer la polémique sur le travail de nuit. Le 23 septembre, la Cour d'appel de Paris avait condamné Sephora à baisser avant minuit le rideau de son magasin phare des Champs-Elysées, suite à une action de l'intersyndical du commerce parisien Clic-P, qui réunissait la CGT, la CFDT, le Seci-Unsa, SUD, la CGC et FO. Une décision qui ne semble pas avoir fait jurisprudence pour Marionnaud France. « C'est une pure provocation », réagit Karl Ghazi (CGT), un des « animateurs » de Clic-P, interrogé par Profession Bien-être. « Ils savent que c'est interdit. Ils connaissent la loi. Malgré tout, ils la violent en assumant pleinement leur décision, parce que ça leur permet d'avoir un impact médiatique », dénonce le porte-parole du collectif syndical, qui mène une guérilla judiciaire depuis quelques années contre les magasins parisiens qui ne respectent pas la réglementation sur les horaires d'ouverture. « Le fond de l'histoire, ce sont les grands réseaux. Vous pensez sérieusement qu'un indépendant a les moyens de faire travailler 7 jours sur 7 ses salariés et faire de la pub pour que les gens viennent dans son magasin le dimanche ? », ajoute Karl Ghazi, qui ne se prononce pas encore sur une éventuelle action en justice. Une prime de 25% est promise aux salariés noctambules De son côté, le P-DG de Marionnaud, William Koeberlé, met en avant un accord social négocié en 2001 avec les partenaires sociaux, et amendé un an après la loi Maillé. « Cet accord de dérogation sur le travail de nuit est spécifique à ce magasin, où nous réalisons une part très importante de nos ventes le soir », a indiqué jeudi William Koeberlé, dans une interview accordée à Latribune.fr. Marionnaud a prévu une double majoration pour ses salariés qui travailleront la nuit, de 25% sur le salaire et de 10% sur les récupérations, soit un gain de 150 à 200 euros par mois, selon son P-DG. Un coup dur pour Sephora ? Pas sûr, selon l'intersyndicale, qui craint que ce nouveau coup de projecteur sur le travail de nuit ne fournisse un prétexte à l'enseigne de LVMH pour rebondir judiciairement. Il serait surprenant, en effet, de voir, sur la plus belle avenue du monde, Sephora, rideaux baissés, assister sans broncher au spectacle son et lumières que son principal concurrent promet après 21 h à ses anciens clients... LIRE AUSSI :
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