Franck Provost : « Notre savoir-faire a un coût qui n’est pas assez valorisé. »
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![]() Profession Bien-être : Pourquoi cette campagne aujourd'hui ? Franck Provost : Notre profession est un formidable vivier de main d'œuvre dont le savoir-faire a un coût qui n'est pas assez valorisé. On forme beaucoup de jeunes dans la coiffure et le public doit le savoir. Derrière le prix que les coiffeurs affichent, il y a un des milliers d'heures de formation pour obtenir le service que les consommateurs souhaitent. Je vous donne un chiffre : pour former un jeune, il faut compter au moins cinq ans. C'est un investissement. Vous pensez que le public a besoin d'être sensibilisé à une problématique économique professionnelle ? Oui, car personne ne prend conscience que la coiffure représente un secteur important pour les jeunes. Aujourd'hui, il emploie quand même 110 000 salariés et son chiffre d'affaires est d'environ 6 milliards d'euros ! Mais c'est aussi un métier où la moyenne d'âge est peu élevée, 32 ans... Cela veut dire que nous ne savons pas garder ces jeunes talents. Pourquoi ? Le salaire moyen est de 1 580 euros bruts par mois. Ce n'est pas très motivant. La vogue des salons low cost n'y a-t-elle pas aussi une part de responsabilité ? Je ne crois pas. Ce n'est pas le même service. Ces salons ne cherchent pas à fidéliser par la qualité du travail mais sur un prix. Et quand on vient pour un prix, on est prêt à accepter beaucoup de choses. Dans les salons de gamme supérieure, les clients ont d'autres exigences, comme le développement durable, par exemple. Les coiffeurs sont de plus en plus nombreux à s'y engager financièrement, tout en améliorant l'hygiène et la décoration de leurs salons. Et ces coûts ne sont pas répercutés dans les prix. D'où votre slogan plutôt direct : « un bon coiffeur a un coût » ?... Exactement. Nous voulons une hausse générale de la qualité de service et d'accueil dans tous les salons de coiffure. Et pour cela, il faut expliquer à nos clients qu'une prestation de base à 34 euros, qui comprend un shampoing, une coupe et un brushing de 45 minutes, n'est vraiment pas cher s'il veut un service de qualité. A combien estimez-vous la revalorisation nécessaire du prix ? Si je pars du prix moyen que j'ai indiqué, je pense qu'une hausse de 10 à 20% permettrait aux coiffeurs de s'en sortir, pour prendre en charge leurs clients dans de bonnes conditions. Propos recueillis par Georges Margossian. Plus de 1 800 entreprises de coiffure indépendantes sont adhérentes au Cnec, franchisées, multiples ou affiliées. Elles réalisent le tiers de l'activité du secteur. LIRE AUSSI : |